Il y a quelques jours a eu lieu un #MatinsMalins consacré à la sauvegarde des données. Un sujet passionnant bien entendu, et qui crée souvent la polémique : le cloud crée l’impression plus ou moins réelles que nos données ne nous appartiennent plus, que le service qui stocke a un droit de regard sur ce qui est stocké et que ces données sont donc dans un “lieu” vulnérable.
Ma pensée est tout autre, vous le savez probablement. Et ma pensée s’est, dans ce domaine, construite de manière tout à fait empirique.
La première notion qu’il faut aborder, c’est l’alternative au cloud. Si je n’utilise pas de sauvegarde dans le nuage, comment je sauvegarde mes données : disquette, CD-ROM, DVD-ROM, stockage flash (SSD / clef USB), disque dur etc. Et ces supports sont loin d’être éternels. Ainsi la durée de vie intrinsèque moyenne d’une disquette, c’est deux ans. Trois pour le CD, dix pour la clef USB et environ cinquante (le support le plus endurant) pour les disques durs SSD1. Mais à la durée de vie intrinsèque s’ajoute (ou plutôt se soustrait) la durée de vie réelle de ces supports : Les problèmes d’obsolescence des supports, de changement des standards, de disparition et d’évolution des techniques complexifient et raccourcissent la durée de vie des supports physiques. Depuis que j’utilise un ordinateur, le lecteur de disquette a disparu tout comme le lecteur de CD/DVD. Le port USB est en train de changer avec l’USB-C et j’ai déjà crashé trois disques dur et perdu au moins dix clefs USB. Ainsi, en pratique, en 15 ans, j’ai stockés des dizaines de gigaoctets aujourd’hui perdus ou inexploitables. On peut considérer honnêtement, et sans polémique, que ces moyens de stockages sont quand même précaires.
La seconde notion qu’il faut aborder, c’est le cloud. Ce qui limite sa durée de vie, à mon sens, n’est pas la technologie intrinsèque (nos données sont dupliquées sur de nombreux supports de stockage physique différents) mais la durée de vie de l’entreprise qui procure le service. On sait tous que les principaux services utilisés aujourd’hui n’ont que quelques années de vie derrière eux (dropbox n’a pas dix ans) et que d’importantes starts-up meurent tous les jours. Qui peut dire ce que sera Google ou Facebook dans dix ans ? Pas grand monde. Alors que penser de Box Inc ou Dropbox. Le cloud, par son essence même c’est à dire son lien naturel avec internet et son évolution plus que rapide, rend précaire le service qui le propulse. On peut considérer honnêtement, et sans polémique, que ces moyens de stockages sont quand même précaires.
Alors tout est précaire, tout est incertains, tout est compliqué.
La meilleure solution pour stocker ses données, et pouvoir toujours les lire, sans problème de compatibilité, serait peut-être de rédiger et d’imprimer un livre (la durée de vie des archives physiques de l’état civil ne semble pas si mauvaise). Mais pour les bases de données, les documents de travail, le mieux est probablement de multiplier les supports et de toujours utiliser des supports modernes : achetez un disque SSD et une clef USB-C, et synchronisez les avec un service de cloud d’un grand éditeur. En tout cas restez à l’affut de la moindre fin de vie d’une technologie et d’un site web. C’est probablement l’action la plus importante aujourd’hui.
De mon côté : mes données importantes sont stockées sur mon disque dur amovible, sur une clef USB et synchronisées avec OneDrive. Par ailleurs, j’utilise de nombreux service de cloud cachés (Geneanet, FamilySearch, Ancestry, MyHeritage) qui en fait possèdent mes données comme un cloud classique, et qui me permettent de les récupérer si besoin.
- http://www.code42.com/crashplan/medialifespan/ [↩]
11 comments
Merci pour cet article fort intéressant. Tous le monde utilise des téléphones aujourd’hui et c’est un excellent support de sauvegarde allié avec le cloud bien sur
Pour ma part, je partage la nécessité de faire des sauvegardes sur différents supports.
Etant un “vieux” dans le domaine informatique (j’ai commencé en1981), j’ai largement été confronté aux problèmes posés par les supports; j’en fais donc sur des médias différents.
Ce que je ne partage pas: L’utilisation du “cloud”; pour moi, ce qui est mis sur ce support n’est plus notre propriété exclusive, et libre à l’hébergeur de chercher des données (commerciales au mieux) vous concernant. Si on veut vraiment utiliser le cloud comme support, il faut alors envisager d’y mettre des fichiers crytés, avec un encodage le plus dur possible.
(ne pas oublier: gratuit ou pas cher, c’est que le produit c’est vous. Il n’y a pas d’altruisme pour les sociétés).
Je reprends ce vieil article car je suis tombée ce matin sur une pub dans le HS de la RFG…. Sans vouloir faire de la pub, j’ai trouvé cette option intéressante, visiblement ce n’en est qu’au balbutiements, mais ce sera peut être un excellent système de stockage quand ce sera parfaitement solide et surtout…. moins cher.
Il s’agit de la gravure physique de données (pages ou photos) en tout petit petit petit, mais une gravure tellement fine qu’on peut zoomer dessus avec une loupe ou un microscope pour récupérer ses infos ou images….
A suivre (la société s’appelle fahrenheit2451)
J’ai regardé avec attention leur proposition. Il me semble que l’exploitation et le prix limitent franchement ce type de stockage, mais l’idée de la pérennité est importante.
Merci pour ces conseils ! En effet, il faut faire très attention, car ce sont les fruits des années d’efforts… Les différents actes et tout… ce serait dommage de les perdre.
Bonjour Clément,
Je suis d’accord avec toi, toutes les sauvegardes sont précaires. La robustesse vient avec la duplication/réplication des données. Plus une donnée est dupliquée/répliquée, moins elle a de chance de se perdre. A mon sens, considérer une clé USB comme un support de sauvegarde est une hérésie (sauf à choisir des modèles d’une qualité irréprochable, ce qui est rare). Pour scribavita ( 😉 ) et les données personnelles de la famille, j’ai opté pour un NAS et sa duplication sur un serveur privé hébergé en France dans un data center. Ce n’est pas le modèle le plus accessible techniquement, je suis d’accord, mais ça me permet d’avoir un “cloud” personnel dédié à la sauvegarde. Le risque de voir disparaître un gros data center est plus faible que de voir disparaître un service en ligne innovant (et au modèle économique peu fiable…).
Il y a un autre point que tu n’as pas abordé. C’est la capacité à pouvoir lire le contenu sauvegardé. Je ne parle pas de l’intégrité physique du fichier (il faut bien sûr s’assurer après une sauvegarde que les données sauvegardées ne sont pas corrompues), mais de la possibilité d’avoir un logiciel capable de reconnaître le format dudit fichier quand on voudra s’en servir ! Combien de formats ont été abandonnés au cours des dernières années, soit parce qu’il sont devenus obsolètes, soit parce que l’éditeur du logiciel associé a mis la clé sous la porte… Qu’en sera-t-il dans 20 ans ? 50 ans ? C’est aussi un vrai défi, qui pose pas mal de questions (http://www.dpworkshop.org/dpm-french/oldmedia/obsolescence1.html) sur ce qu’on léguera aux générations futures (à voir, le documentaire diffusé sur ARTE récemment, intitulé “nos ordinateurs ont-ils la mémoire courte ?” : https://www.youtube.com/watch?v=TI7-Ut1Cldw).
Ludovic
Ludovic, tu as entièrement raison.
Les enjeux : 1) Que le support de sauvegarde soit robuste, donc au mieux multiple (exemple une clef USB peut se casser) 2) Que le support reste lisible, donc que son format, sa connectique soit toujours utilisable (que le port USB existe toujours) 3) que le format d’encodage des données sur le support physique soit lisible (par exemple un disque dur formaté Mac peut ne pas être lisible sur PC) 4) que le document enregistré reste lisible (que les lecteurs PDF par exemple restent d’actualité).
Ça commence à faire beaucoup. Beaucoup d’argument pour le livre finalement : un bon support, pas de problème de compatibilité. Lisible par tous ou presque.
Et beaucoup d’argument pour essayer d’apprendre et de maitriser un peu mieux la sauvegarde et ses enjeux. Et se tenir au courant de la vie des Starts-Ups.
Au fait, bravo pour le code de Scribavita : le site est fluide, beau, responsive, et vraiment j’en suis presque jaloux.
Clément.
Je ne peux qu’être d’accord. J’ai aussi expérimenté les pertes de données sur clés, disques durs ou encore disquettes à l’époque.
Étant maintenant l’heureux possesseur d’un NAS (Synology), j’essaye de profiter des différentes options disponibles nativement (ou presque) sur ces petites machines. J’ai donc une réplication chaque nuit des données sensibles sur un autre NAS à 800 km (merci les parents). De plus, pour les données généalogiques (uniquement les copies d’actes et mon fichier Heredis), j’ai une seconde réplication sur Google Drive qui se fait automatiquement toujours grâce au NAS.
Pour palier au problème de l’ADSL dont parle Thierry, je ne travaille pas sur les versions en ligne mais sur les données qui sont sur le NAS (donc sur mon réseau). Je n’ai aucune latence de ce point de vue. La synchro se faisant à 3h chaque jour ça ne génère pas de trafic sur mon réseau qui puisse m’être pénalisant.
Après je bosse dans l’informatique et mettre tout ça en place était plus un jeu qu’autre chose. Tout le monde ne doit pas vouloir/pouvoir s’amuser à faire tout ça.
Yann
Yann, tu sembles en effet suffisamment dégourdi (et même plus que ça) pour créer ton propre réseau local, avec synchronisation programmée. Mais pour le commun des mortels, cela semble plus compliqué.
Mais il existe de très bons outils de synchronisation que l’on peut paramétrer comme l’on veut : les possesseurs de Mac peuvent utiliser la Time Capsule qui me semble un bel outil. Des alternatives doivent exister pour Windows.
De mon côté, OneDrive me satisfait pleinement : tous mes devices sont synchronisés. Et bien sur un disque SSD.
Au plaisir de te lire.
Clément.
Bonsoir Clément,
Saines réflexions, d’autant plus qu’avec la dématérialisaition croissante des produits et services, la question de la sauvegarde va se poser à tous et à chacun, généalogie ou pas – tiens, il y a un marché à prendre là !
Concernant les supports le plus fiable -encore aujourd’hui- reste le microfilm, dont la durée de vie dans de bonnes conditions de conversation peut atteindre le siècle. Une lampe, un peu de bricolage et d’électricité suffiraient pour le lire, même dans cinquante ans.
Faute de microfilmage personnel, la meilleure sauvegarde pour se prémunir d’évènements internes (pertes, crashs disque) et externes (cambriolages, inondations, incendies), facile à mettre en oeuvre, fiable et pas chère consiste à multiplier les supports et les emplacements. Plusieurs disques externes dupliqués et stockés à différents endroits (dans la voiture, la cave, chez des parents…). C’est la solution que j’utilise et que je préconise. Je n’ai pas encore essayé le cloud non caché, comme tu dis, craignant surtout des problèmes de débit montant de la box – l’ASDL étant par définition asymétrique – d’où des problèmes que je sens venir de tri et d’étiquettage de fichiers: ce qui est déjà en ligne et qu’il est inutile de sauvegarder, ce qui ne l’est pas, ceux que je pourrai reconstituer à partir d’autres éléments etc… Mis à part quelques fichiers stockés ici où là (servicepublic.fr, Google Drive, Zoho docs) je m’abstient. Peut-être avec la Fibre il n’y aura plus débat 🙂
Thierry
Personnellement, je suis raccordé au réseau via la FTTLa de Numericable – SFR et j’ai un débit suffisamment élevé en download et en upload pour ne pas avoir à m’en soucier. Ainsi mon PC se synchronise à OneDrive et mes devices également. Je suis serein.